Entre Autriche et Slovénie : un rock trip qui dégrippe

De l’escalade 7/7 jours et 24/24 heures : si cette seule idée en ferait fuir certain.e.s, elle en séduit quelques autres et ce sont finalement six mordu.e.s de la grimpe qui s’embarquent ce 4 août pour un rock trip de deux semaines partagé entre l’Autriche et la Slovénie. Il faut dire que la proposition initiale de Guillaume Ménard, porteur du projet, annonçait plutôt des vacances entre ami.e.s, à la cool, style grimpouillette au cœur de paysages à la Heidi… Mais encore coincé.e.s sur le périphérique parisien, nous commençons à saisir la couleur de ces « vacances » : des centaines de couennes et de grandes voies nous attendent, ainsi qu’une salle d’envergure internationale ; pour se reposer, nous aurons toujours le trail… Les réservations sont bouclées et les portes de notre voiture bien verrouillées. Trop tard donc pour abandonner et, avec plus de 200 mètres de cordes sous les pieds, nous traversons la Suisse et le Lichtenstein pour rejoindre notre premier camp de base, Sankt Leonhard, vallée du Pitztal, Tyrol.

À l’arrivée, nous découvrons le palace déniché par Guillaume M. : un grand chalet d’esthétique locale – bois et peintures pastel – dans lequel nous avons chacun.e une suite individuelle ! Pas question toutefois de rester paresser dans nos chambres et dès le lendemain matin nous partons à l’assaut des falaises. Un granit compact accueille nos premières ascensions et si le 4 est difficile, qu’importe, nous grimperons dans le 6. De toute façon, Guillaume M. nous avait prévenu.e.s : en-dessous du 7, il n’y a que des voies « pour les enfants » ! Les blagues fusent de part et d’autre, nous grimpons sourire aux lèvres et apprivoisons le caillou, encouragé.e.s par un cadre bucolique qui aligne forêt de pins et herbe verte, cascades et névés à l’horizon.

Les journées du mardi et du mercredi s’annoncent bien différentes. En effet, « l’herbe est mouillée » constate X, et pour une bonne raison puisqu’il pleut ! Heureusement, la grande ville du coin, Imst, comporte plusieurs structures artificielles. La salle de bloc n’ouvrant qu’à 14 heures, nous entamons notre mardi par une dégustation d’Apfelstrudel et par la visite d’une fabrique de curiosités locales. À la clé, dégustation à volonté, une offre attrayante dont profiterons (abuserons ?!) quelques-un.e.s d’entre nous. Ponctuel.e.s, nous sommes pourtant devant la salle à 13h59 et finissons de digérer sur les blocs avant d’attaquer les choses sérieuses : traversées sans les mains, repos chauve-souris et autre circuit training.

Le mercredi, la pluie persistante nous invite à découvrir la salle mythique d’Imst, avec ses structures intérieure et extérieure, ses 25 mètres de haut, son toit de près de 10 mètres de long et ses voies de vitesse homologuées. La journée sera donc consacrée à la difficulté, les projets distribués par Guillaume nous poussant au dépassement aussi bien technique que mental. Pour tou.te.s, ce sera un beau palmarès de réussites. Et comme la veille, nous nous arrêtons au retour pour tester la cryothérapie (et oui, l’escalade c’est aussi enrichir son vocabulaire !), une « médecine-torture » qui consiste à sortir de nuit, sous la pluie, immerger ses mains et pieds nus dans une rivière d’eau glacée. Pour ceux et celles qui souhaiteraient tester, les mérites sont aux rendez-vous et les deux premiers items restent facultatifs, un bain de glaçons suffira !

Improbable mais vrai, le jeudi c’est repos ! Ou, plus précisément, activités libres. Nous partons donc pour des courses (en magasin) ou des courses (à pied) – jusqu’à 10 kilomètres pour X qui prolonge sa descente sans reconnaître le chalet ! La journée se poursuit avec une belle promenade en fond de vallée, un troupeau de bouquetins aux abords du chemin, une tentative plus ou moins fructueuse de slackline et un atelier « confection de gnocchis ». De quoi repartir bien frai.che.s le vendredi pour un vaste secteur de calcaire s’élevant jusqu’à 80 mètres de hauteur. Après la chauffe, plusieurs s’échauffent sur une 6C+, X y étant lancé.e en tête par Y lui affirmant que ce n’est qu’une 5B… Nous nous frottons également à la grande voie et aux écoles de vol avant de repartir couvert.e.s de terre déguster une pizza, fêtant ainsi notre dernier jour en Autriche.

Car le lendemain samedi, c’est déjà pour moi le départ. Après un café aux sons d’une fanfare locale, la bande me dépose à l’aéroport d’Innsbruck et y récupère un nouveau grimpeur avec lequel ils poursuivront leurs aventures en Slovénie. Pour ma part, j’ai les genoux couverts de bleus, la peau des doigts déchiquetée, des courbatures (presque) jusque dans les oreilles et pourtant une unique envie : continuer à grimper !