Jeudi 25 janvier, 10h : café, croissants, coffre chargé de matériel, tout est prêt chez François et Magdalena pour le grand départ. Alexandre et Peio comblent les quelques espaces encore libres dans le break. La voiture #2 de Lucie, Guillaume, Touati et Mathieu a prévu de partir plus tard dans la journée, vers 17h. Direction : Cogne dans la vallée d’Aoste en Italie ! Nous sommes les 8 chanceux à inaugurer la première sortie en cascade de glace organisée par le club 🙂
Après 700km et 8h à débattre de l’utilité de manger de la viande pour bien grimper (contentieux Magda vs Alex Honnold), nous atteignons finalement le très joli hôtel Ondezana (www.hotelondezana.it) tenu par le non moins charmant Andrea.
Nous apprenons alors que Lucie ne se sent pas bien et que la voiture #2 manquera donc la première journée de grimpe.
Cependant, Andrea nous console en nous faisant saliver avec plusieurs suggestions de plats : bruschetta, risotto aux betteraves et au bleu, salade, hamburger… Il ne s’agit pas de choisir les plats pour les trois jours qui viennent mais bien du dîner à l’italienne du soir, avec “antipasto, “primo”, “secondo” e dolce. La glace aura intérêt d’être solide ! D’autant que le petit déjeuner est dans la même veine…
Crampons aux pieds et piolets à la main, nous avons l’occasion de le vérifier dès le lendemain sur la cascade de Lillaz. Sous la houlette experte de François, et quelques flocons cotonneux, nous apprenons à “crocheter”, “brocher” (c’est-à-dire visser une sorte de point d’assurage dans la glace), grimper avec un seul piolet (quelle idée…). Et à nous abriter de tout ce qui ne manque pas de dévaler la cascade : neige, morceaux de glace mais aussi 2 broches et un piolet (notre voisine de grimpe avait visiblement de la confiture sur les doigts). D’ailleurs la journée s’achève avec un exercice de recherche de victime d’avalanche, avec appareil DVA, sonde et pelle.
Il est alors l’heure de retrouver nos compères de la voiture #2 qui partagent avec nous les délices préparés par Andrea pour la soirée, le tout dans une ambiance très chaleureuse.
C’est sous une météo radieuse que nous organisons la journée du samedi en deux groupes de 4 : Lucie, Touati, Magda et François refont le même programme que la veille tandis que Guillaume, Mathieu, Alexandre et Peio attaquent les 5 longueurs de la cascade de Lillaz.
C’est l’occasion de tester la solidité des nerfs (et des mollets) sur l’escalade en tête, et d’apprendre à faire confiance à un relai broché dans la glace. Guillaume organise un atelier technique de rappel sur “abalakov” : un V à 90° percé dans la glace permet de faire passer une corde (que l’on attrape avec un crochet) pour faire une descente en rappel sans laisser de matériel derrière soi. Ça, c’est la théorie. En pratique, il faut bien l’acharnement de 4 personnes pendant une bonne demi-heure dans le froid de début de soirée pour que le crochet veuille bien extirper la corde du V qui – lui – avait miraculeusement été correctement percé du premier coup de broche.
De leur côté, Touati et Lucie “grenouillent”, pour reprendre l’expression de François, toute la matinée de samedi dans la première longueur de la cascade de Lillaz accompagné de Magda qui rappelons-le, n’est point une débutante dans cette activité ! Au début, le geste paraît tellement peu naturel et difficile à maîtriser que l’on se dit “mais qu’est-ce que je fiche là ?!” On ne s’attend pas forcément à devoir fournir de tels efforts physiques dans du 3 ! Il faut dire que l’équipement que l’on a sur soi ajoute une sensation de pesanteur pachydermique. L’après-midi, après une petite marche au soleil, le groupe rejoint la 3ème longueur, un “cirque” qui offre plusieurs possibilités de grimpe et là, l’acclimatation commence pointer le bout de son nez. Les bleus arrivés sur le tard et coachés par François font même de la tête !
Le dimanche, les deux mêmes groupes sont maintenus : le groupe de François s’attaque à la longueur complète de la cascade de Lillaz tandis que celui de Guillaume se dirige vers la superbe cascade “pattinaggio artistico”. Malheureusement, l’accès à celle-ci est aussi encombré que Jules Ladoumègue un mardi soir. Le groupe décide alors de s’attaquer au “cigare” (colonne de glace) sur le troisième ressaut de la cascade de Lillaz. C’est l’occasion pour de découvrir une spécificité de l’escalade sur glace : on ne sent pas toujours le piolet/crampon lâcher prise, les vols en sont d’autant moins anticipés et donc effrayants…
Parti pour faire la cascade en entier, le groupe #2 attaque au milieu d’autres cordées : mis à part quelques morceaux de glace sur la caboche, tutti va bene. Une belle récompense attend les “cascadeurs” à la dernière longueur lorsqu’il s’agit de rejoindre la ligne de rappel : une toute petite arête ensoleillée avec une vue magnifique. Séance photos obligatoire. La fine équipe retourne ensuite sur la cascade où les 8 se retrouvent finalement à la même longueur.
Les montées s’enchaînent en moulinette ou en tête et à la fin tout le monde, sans exception, aura posé des broches. Parfois avec le trac et uniquement de la main droite pour certain.e.s parce que quand-même faut pas pousser ! Mais, sans perte ni fracas…
Sacs bouclés, matos rendu, bises claquées, nous quittons Cogne, qui en voiture, qui par le car Aoste>Paris (!), abandonnés lâchement par Magda et François qui poursuivent leurs vacances glacées. Mais lorsque nous fermons les yeux, nous continuons à voir des paysages bleus et blancs et à entendre le bruit de l’eau ruisseler sous la glace…
Merci à tous pour ce week-end extraordinaire ! Et spécialement un grand merci à François et Guillaume pour leur patience et leur expertise.